Je suis née lorsque Jack Lang était Ministre de la Culture. Mais en milieu très rural, les nouvelles politiques impulsées avaient du mal à trouver un écho. L’offre culturelle était quasi inexistante et les actions culturelles en milieu scolaire pas encore instituées. Mais des enseignants motivés et convaincus de l’importance de la rencontre avec des œuvres et pratiques artistiques montaient des projets à la force de leur investissement. C’est grâce à l’une d’elles, Madame Lebrun, que j’ai pu participer à un projet de création professionnelle pour la première fois, avec Reynald Haley, dans les années 1990…
Faute de proposition associative, il m’a fallu attendre le lycée et mon inscription à l’option théâtre du baccalauréat littéraire pour pouvoir de nouveau pratiquer l’art dramatique. 3 années intenses en découvertes, avec l’éblouissement de voir des spectacles professionnels à la Maison de la Culture de Bourges, une des premières créées en France et inaugurée par André Malraux en 1964.
Mais à l’heure du choix des orientations post bac, j’ai privilégié un secteur que je connaissais depuis l’enfance : la lecture publique. Grande lectrice (j’ai épuisé le fond de la bibliothèque de mon village), je choisis de préparer un DUT information-communication option métiers du livre à Bordeaux pour entamer une carrière d’agent de bibliothèques.
J’ai exercé ce métier pendant une dizaine d’années en milieu rural, par militantisme, pour amener des propositions culturelles sur des territoires où la bibliothèque est souvent le seul vecteur public d’animations et de programmations culturelles. Bien que passionnant, il manquait à ces postes la dimension spectacle vivant au quotidien. Il me reste de ces expériences une bonne connaissance des institutions et du fonctionnement des structures publiques et la réalité de terrain du secteur rural.
En 2011, je rencontre Dorothée Sornique, metteure en scène de la compagnie laBase. Je renoue avec la pratique théâtrale amateure et, en parallèle, je commence à diffuser ses spectacles très jeune public. Le virage est engagé. En 2014, je quitte la lecture publique pour me consacrer à l’accompagnement artistique. D’abord sur des missions de diffusion et d’animation d’ateliers de pratique théâtrale, j’étoffe mes compétences au fil du temps, des formations et des rencontres.
Aujourd’hui, je réponds à des missions de production, diffusion, conseils pour des compagnies émergentes présentes dans les cercles de diffusion alternatifs ; et je propose des parcours de création artistique à destination de différents publics pour qu’ils explorent de nouvelles compétences. Ces deux types de proposition se nourrissent et me permettent un équilibre entre « penser » et « réaliser ».
En 2016, je rejoins Consortium Coopérative (coopérative d’activités et d’emploi dans le secteur culturel). Cette nouvelle structuration professionnelle m’aligne avec mes besoins d’échanges entre pairs et d’implication au sein d’un collectif : en 2020, je deviens associée puis élue au comité social et économique. J’approfondis également mes connaissances de la gouvernance coopérative et porte un regard nouveau sur les possibilités de structuration dans le secteur culturel.