A l’âge où Tatiana découvrait la pratique artistique, Georges commençait à se louer dans les fermes, avant même d’accéder au certificat d’études. Il devint « chartier ». Il cultivait la terre sans tracteur, à une époque où la main d’œuvre était nombreuse sur les domaines agricoles.
Pendant l’Occupation, adolescent, il ne loupait pas la séance de cinéma hebdomadaire qui finissait parfois après le couvre-feu. C’était le moment de voir les informations et de profiter de la seule offre culturelle accessible. Il aimait chanter et écouter les chansons de Berthe Sylva et Tino Rossi. Il retranscrivait les paroles de ses airs préférés dans des cahiers. Plus tard, il fera écouter ses k7 à ses petites filles.
Devenu adulte, Georges continua à louer ses services jusqu’à trouver une place à la ferme des Cassés où il passa le reste de sa vie. En 1955, il se maria avec la fille des patrons, Christiane. Une vingtaine d’années plus tard, ils achetèrent le domaine ensemble, puis leur fils, Philippe, s’installa avec eux.
En 1985, sa première petite fille, Tatiana, vit le jour. Il lui légua d’abord ses yeux bleus puis l’amour de la terre et de la nature, comme à son fils Philippe avant elle. Mais elle ne s’enracina pas aux Cassés, même si elle y revient souvent. La vie la mena ailleurs, en Sud Touraine, où elle trace son propre sillon culturel.
L’héritage qu’il lui laisse permet à Tatiana de penser sa pratique durablement. L’importance de l’ancrage territorial, de l’opiniâtreté dans les projets, du parler vrai et de l’observation de la nature (humaine), c’est à ses côtés qu’elle l’a appris. Ils ont en commun le goût du jardinage qui oblige à composer avec les éléments de l’environnement extérieur. Et ils ont à cœur de transmettre leurs connaissances pour que le savoir se diffuse.